Visite au Jeu de Paume ce mercredi 31 mai... Cindy Sherman me fascine et me révulse en même temps. Après avoir vue le court-métrage de Bonnelo avec Asia Argento "The doll is mine", j'avais eu une forte envie de voir l'ensemble de son oeuvre. Peu de présentation globale des 30 ans de photographie de Cindy Sherman. Oubli réparé avec la restrospective du Jeu de Paume.
Un choc visuel sans commune mesure : déguisements et aspects figés des portraits, relation à la notion de "beauté" ( série commande pour Harper's Bazaar et Comme des Garçons) empreinte de subjectivité et de décalage visuel (beaux habits, modéle enlaidi et grostesque), approche de la morbidité saisissante... Humour également de ces portraits picturaux célébres où Sherman rajoute des postiches, grossit les seins, accentue les couleurs fortes (rouge sous les ongles, lèvres gonflées et saturées, yeux cernés d'un blanc de théâtre).... Excès, contradiction: le sexe est omniprésent, sans désir, représenté par des poupées, des mannequins aux postures pornographiques. Le simple objet sans chair interpelle et peut dégouter par sa froideur et la souffrance qu'il dégage. Enfin une dernière série, récente (2004) où la photographe fait appel à l'enfance et à ses cauchemars : des clowns aux dents menacantes, aux regards lubriques et/ou cruels. Le clown comme symbole de l'ambiguité : celui qui fait rire à ses dépens, celui qui derrière le maquillage ludique peut représenter le pire des cauchemars.
Une rétrospective très difficile par ce qu'elle amène chez le spectateur : un sentiment de repoussoir et d'attirance pour une mise en scène violente ou indisposante.
Cindy Sherman incarne tous ces personnages, elle se masque ou se montre "crue". C'est un jeu entre elle et son sujet qui laisse à celui qui regarde une ouverture fantasmagorique selon les personnages mis en photographie. On se sent indéniablement fragile, face à ses propres contradictions et ses peurs quand on voit les photographies de Cindy Sherman. C'est un vrai carnaval d'émotions. À voir car, au-delà d'aimer ou pas ces oeuvres, Cindy Sherman motive les émotions. Et c'est une grande richesse que de ressentir, de palper ses propres sensations, même discordantes.
Quelques exemples....
Clowns 2004
Untitled # 96, 1981
Untitled Film Still #3
1977
Untitled #305
1994
Untitled # 412
2003
http://www.jeudepaume.org/?flash=ok
31 mai 2006
Cindy Sherman
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