4 mai 2007

Interview de Nicolas Descottes photographe/Interview of Nicolas Descottes photographer

Nicolas Descottes est photographe, actuellement exposé à la galerie Cortex Athlético à Bordeaux. Son travail photographique est, comme le dit Vanessa Morisset critique et auteur dans le Revue parachute : "Désenchantement. Tel pourrait être le qualificatif commun aux différentes séries de Nicolas Descottes, soit qu’elles évoquent un lieu historiquement meurtri (Odessa, Terezin), soit qu’elle décrivent des constructions figées dans un panorama (Echafaudages, Constructions), soit encore qu’elle reportent des instants singuliers où un détail prend possession d’une normalité pour évoquer des destins singuliers (Burns). "
Cécile Camart (critique et enseigante en histoire de la photographie à Aix en Provence) quant à elle dit : "Les images de Nicolas Descottes courent à la recherche de cicatrices, de traces destinées à s¹estomper comme la mémoire de l¹accident, de la blessure. L¹empreinte de la fumée sur les façades d¹immeubles incendiés (série Burns) fait penser aux pigments volatiles de carbone soufflés dans un pochoir afin d¹orner les parois ancestrales. En définitive, ces photographies à l¹esthétique apparemment froide et distanciée recèlent une expression archaïque, quasi-viscérale : des surfaces en desquamation, des cris muets, des silences étouffés, des corps enfouis. "


J'ai interrogé Nicolas Descottes sur son travail, son oeuvre, sa démarche.


Quelle a été votre formation initiale?
Nicolas Descottes : Je suis autodidacte.

Vous avez collaboré à Libération. Ce travail journalistique a t-il influencé vos choix, votre démarche artistique et le choix de vos sujets photographiques?
N.C : Non, pas vraiment car je préfère laisser les gens interpréter ce qu’ils veulent par rapport à ce que je montre.Mais l’interprétation du public est souvent proche !
En travail de presse vous devez malheureusement être souvent dans la compréhension immédiate.

Qu'est ce qui vous a conduit à photographier des espaces en "voie de perdition", en souffrance (je pense notamment à Aral.)
N.C : Je me suis toujours questionné sur le processus de la disparition et la mer d’Aral qui est mon premier travail en est le déclic.

Dans la série "Térézin", vous faites un rappel de l'Histoire de façon implicite. Comment avez vous développé ce désir de l'implicite, du témoignage des lieux pour rappeler ce qu'avait vécu les hommes?
N.C : Pour moi il est important de montrer ce que l’on ne peut voir

Autant dans "Burns" que dans "Terezin" ou les Machines qui pleurent" vos photographies amènent le spectateur à percevoir une intimité sociale, économique, historique. Vous définissez vous comme un artiste témoignant du social et de l'environnemental? Votre démarche artistique a t-elle pour but une prise de conscience du spectateur des oeuvres sur ce qui l'entourent?
N.C : Mon travail photographique et de vidéo interpelle bien évidemment,mais je ne me situe pas dans un processus de dénonciation.
Le travail présenté actuellement sur les raffineries ne porte pas de titre et son esthétique proche d’un monde irréel interpellent néanmoins le spectateur sur notre devenir.
Il y a toujours une ambiguïté dans le regard.

Vous utilisez un cadrage particulier, des couleurs spécifiques. Comment et pourquoi choisissez vous? Effectuez vous un travail de retouche de manière à accentuer des atmosphères (je pense aux Machines où le blanc et le feu sont d'une rare intensité)?
N.C : Je ne retouche pas mes images qui sont tirées sur du papier photographique.

Vous abordez la vidéo. Pourquoi? En quoi cela est il complémentaire de votre démarche photographique?
N.C : La vidéo m’intéresse beaucoup car elle permet parfois de re-interpréter l’image fixe

Quel regard portez vous sur votre oeuvre, sur son évolution? Quels projets envisagez vous (expositions, thèmes...)?
N.C : Je continue certaines séries comme les échafaudages ou les obstructions.
Le plus difficile est de pouvoir montrer à chaque fois un travail qui s’inscrit dans la continuité.

Interview réalisée le 4 mai 2007.

Merci à Nicolas Descottes.

Ce qui dit l'artiste de sa démarche :
"Depuis mes premières photos en 1999, mon travail s'est centré sur un
questionnement autour du processus de la disparition :comment les choses
commencent-elles à disparaître ? Comment les dégradations les
transforment-elles ? Et jusqu¹à quel point restent-elles les mêmes ?
J'ai posé ces questions à travers des objets et des domaines qui
fonctionnent comme des terrains d¹essai. Mes premières photos sur la Mer
d'Aral, si elles restaient proches du documentaire, cherchaient à évaluer le
caractère inexorable du processus entropique à travers la disparition d¹un
territoire. Puis j'ai ressenti la nécessité d'adopter une démarche plus
conceptuelle afin de mieux cerner les infimes variations d¹un même phénomène
en réalisant des séries
. Ce sont des forêts gelées où la transformation de
la matière brouille nos repères, ou des hommes de dos, face à la mer,
occupés à on ne sait quoi : leur mystère renvoie au sentiment d¹une perte
qui nous concerne peut-être tous. Ces photos ont été prises à Odessa, mais
peu importe. Ce qui compte pour moi n'est pas d'identifier un lieu mais un
phénomène récurent.

Dans mes séries suivantes, je me suis attaché à des objets qui dissimulent
leur identité afin de rompre radicalement avec tout souci de localisation
,
et j'en ai fait un thème propre: ce sont des échafaudages gigantesques qui
procurent à tous les monuments du monde une apparence similaire, ou des
immeubles des années 60, dont le style est nivelé pour des raisons
économiques, et qui commencent à se détériorer à cause d¹incendies. En
évoluant vers ces objets architecturaux, mon travail s¹est concentré sur une
interrogation à propos des variations dans la structure même des choses.

Et puis en 2005, j¹ai réalisé des photos qui introduisent la dimension de la
fiction et la manière dont elle se mêle au réel. J'ai travaillé dans un lieu
dont la vocation est de reproduire des catastrophes, et où, par conséquent,
ce qui arrive est à la fois vrai et faux. Les accidents sont simulés, mais
les matériaux, eux, sont réellement transformés et deviennent comme des
fossiles d'actions fantômes. Ce faisant, j'ai introduit la notion de «
fantastique » dans mon travail afin de mieux interroger l¹ambiguïté de ce
que l'on voit et de ce que l'on interprète comme un drame dans le processus
de destruction.

C'est dans ce sens de l'apparition que je poursuis actuellement en
photographiant des complexes pétrochimiques la nuit. Ce sont des villes de
technologies, attirantes par leur lumière et à la fois inquiétante par leur
potentiel de destruction, voire d¹autodestruction. En les montrant comme des
apparitions nocturnes, je souhaite provoquer ce doute quant à leur
longévité: Qu'adviendra-il de ces lieux dans 50 ans ?
Ainsi, mon interrogation sur le phénomène de la disparition, tout en restant
au coeur de mes préoccupations, a évolué en empruntant diverses figures qui
s'inquiètent de plus en plus de l'avenir. De la disparition de et dans la
nature, j'en suis venu récemment à la destruction de et dans l'univers de la
technologie, un thème qui me semble être essentiel pour comprendre le
devenir du monde contemporain.


A lire, à voir en complément : Téléchargement dossier-descottes2.pdf
http://www.nicolasdescottes.com/

En anglais : lire suite de la note/In English: to see continuation of the note



Nicolas Descottes is a photographer, currently exposed to the gallery Cortex Athlético in Bordeaux. Its photographic work is, like says it critical Vanessa Morisset and author in the Review parachute: “Disenchantment. Such could be the qualifier common to the various series of Nicolas Descottes, either that they evoke a historically ravaged place (Odessa, Terezin), or that it describe of the constructions solidified in a panorama (Scaffolding, Constructions), or still whom it defer of the singular moments where a detail takes possession of a normality to evoke singular destinies (Burns). ” Cécile Camart (critical and teacher in history of photography in Aix in Provence) as for it say: “The images of Nicolas Descottes run in the search of scars, of traces intended for S ¹ to blur like the memory of L ¹ accident, of the wound. It's impressed smoke on the frontages .Real burnt (Burns series) made think of the pigments birds of carbon blown in a stencil key set so D ¹ to decorate the ancestral walls. Ultimately, these photographs with aesthetic apparently cold and distanciée conceal an antiquated, quasi-visceral expression: surfaces in exfoliation, cries dumb, choked silences, hidden bodies. ”
I questioned Nicolas Descottes on his work, his work, his step.
Quelle was your initial formation?
Nicolas Descottes: I am an autodidact.
Vous collaborated in Libération. This journalistic work it has influenced your choices, your artistic step and the choice of your photographic subjects?
N.C: Not, not really because I prefer to let people interpret what they want compared to what I show. But the interpretation of the public is often close! In work of press you must unfortunately be often in immediate comprehension.
What is what led you to photograph spaces in “process of perdition”, in suffering (I think in particular of Aral.)
N.C: I always questioned myself on the process of disappearance and the sea of Aral which is my first work is the catch.
In the series “Térézin”, you make a recall of the implicit History of way. How developed this desire of implicit, of the testimony of the places to point out what had lived the men?
N.C: For me it is important to show what one cannot see
In “Burns” that in “Terezin” or the Machines which cry” your photographs lead the spectator to perceive a social intimacy, economic, historical. You define as an artist testifying to social and the environmental one? Your artistic step it for goal an awakening of the spectator of works has on what surround?
N.C: My photographic work and of video challenges obviously, but I am not located in a process of denunciation. The work currently presented on the refineries does not carry a title and its esthetics close to an unreal world challenges nevertheless the spectator on our becoming. There is always an ambiguity in the glance.
You use a particular framing, specific colors. How and why choose? Carry out a work of final improvement so as to be accentuated atmospheres (I think of the Machines where the white and fire is of a rare intensity)?
N.C: I do not improve my images which are drawn on photographic paper.
You approach it video. Why? In what that is it complementary to your photographic step?
N.C: The video interests me much sometimes because it makes it possible to reinterpret the fixed image What glance relate to your work, on its evolution? Which projects consider (exposures, topics…)?
N.C: I continue certain series like the scaffolding or the obstructions. Most difficult is canto be able to each time show a work which falls under continuity. Interview carried out on May 4, 2007. Thank you in Nicolas Descottes. What says the artist of its step: “Since my first photographs in 1999, my work was centered on one questioning around the processus of disappearance : how things start they to disappear? How degradations them they transform? And jusqu ¹ at which point remain they them same? I put these questions through objects and fields which function like grounds D ¹ test. My first photographs on the Sea of Aral, if they remained close to the documentary one, sought to evaluate it inexorable character of the entropic process through disappearance D ¹ one territory. Then I felt the need for adopting a step more conceptual in order to better determine the negligible variations D ¹ the same phenomenon by carrying out séries. They are cold forests where the transformation of the matter scrambles our reference marks, or of the men of back, vis-a-vis the sea, occupied with one does not know what: their mystery returns to the feeling D ¹ a loss perhaps who concerns us all. These photographs were taken in Odessa, but it does not matter. What counts for me is not to identify a place but one phenomenon récurent. In my following series, I stuck to objects which dissimulate their identity in order to break radically with any concern for localisation, and I made a clean topic of it: in fact gigantic scaffolding get for all the monuments of the world a similar appearance, or buildings of the Sixties, whose style is levelled for reasons economic, and which starts to worsen because D ¹ fires. In evolving to these architectural objects, my work S ¹ is concentrated on one interrogation in connection with the variations in the structure even of the things. And then in 2005, J ¹ carried out photographs which introduce the dimension of fiction and the way in which it mixes with reality. I worked in a place whose vocation is to reproduce catastrophes, and where, consequently, what arrives is at the same time true and false. The accidents are simulated, but the materials, them, are really transformed and become like phantom fossils of actions. By doing this, I introduced the concept of “ fantastic” in my work in order to better question L ¹ ambiguity of it that one sees and of what one interprets like a drama in the process of destruction. It is in this direction of the appearance that I currently continue in photographing petrochemical complexes the night. They are cities of technologies, attracting by their light and at the same time worrying by their potential of destruction, even D ¹ self-destruction. By showing them like night appearances, I wish to cause this doubt as for their longevity: What will it occur of these places in 50 years? Thus, my interrogation on the phenomenon of disappearance, while remaining in the middle of my concerns, a advanced by borrowing various figures which worry more and more about the future. Disappearance of and in nature, I came from there recently to the destruction from and in the universe from technology, a topic which seems me to be essential to include/understand it to become world contemporain. To read, see in complement: Téléchargement dossier-descottes2.pdf http://www.nicolasdescottes.com/

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