22 juin 2007

Laurent LeDeunff plasticien onirique




Dans le cadre des résidences du CAPC, Laurent LeDeunff expose des totems animaliers sur la terrasse du musée.En forme de Pez, ces totems sont bien autre chose : des masses de bois bruts longilignes, surplombées d'une tête d'animal qui donnent à penser immédiatement aux esprits amérindiens, aux insoupconnables quêtes de l'être humain à savoir qui il est et qui il a été dans l'environnement naturel.Un travail rare, d'une finesse intense qui arrive à la suite d'un long travail plastique de dessins, sculptures d'observation.
Que voir à travers l'oeuvre de Laurent LeDeunff?Certainement pas un simple art brut et naîf.Ni un artisanat élevé par l'air du temps au statut d'oeuvre d'art contemporain.
Laurent LeDeunff a une histoire artistique, une chronologie d'évolution de sa création, construite et évolutive.
Diplomé des Beaux Arts de Bordeaux, l'artiste s'interroge sur les échelles de reproduction des sculptures. Une interrogation sur la notion d'équilibre. Comment créer un animal à l'échelle 1 tout en le laissant à voir comme vivant, réel et pourtant si différent de la réalité?
Laurent LeDeunff s'est approché pendant un temps des taxidermistes pour comprendre comment donner l'illusion du réel. L'idée d'une réalité "fausse" intervient par l'analogie avec les matières utilisées.Ainsi la sculpture d'un mammouth est elle réalisée en carton avec un travail intense sur la masse et son équilibre.Le plasticien utilise alors des cheveux, de la fibre de verre, des stuctures de fer issues de poulaillers.Il s'agit d'un décalage permanent avec le réalisme : ce qui est vu de loin change dès l'approche de l'oeuvre. Pour cela, Laurent LeDeunff utilise dès 2003 des matériaux étonnants : crâne de petite échelle réalisé en rognures d'ongles, canard jaune immense ou berger allemand articulé sur un socle, chien posé sur un bar d'une commune campagnarde....Tout est fait pour que le spectateur change sa perception des échelles, de la réalité en voyant des oeuvres aux composants inédits, aux structures proches des jouets animaliers( une inspiration revendiquée par Laurent LeDeunff).
De 2004 à 2006 les "Chasseurs flous" sont une série de dessins épurés, d'une qualité superbe. Ces dessins qui succèdent aux sculptures laissent encore le spectateur en face d'une imagerie connue et pourtant empreinte de remises en questions : où sont passés les ustensiles propres aux chasseurs(besaces, fusils..)? Pourquoi ces êtres semblent-ils mangés par une nature brumeuse? Laurent LeDeunff explique que ces chasseurs peuvent être vus par le chien qui les accompagne, une vision restreinte, floue, où les repères se dissolvent peu à peu et laissent l'humain fragile face à l'espace qui l'entoure. Un changement de perspective qui fait voir le chasseur comme un homme sans défense alors qu'il pourrait se croire tout puissant avec son arme et sa démarche de traque.
Lors de l'exposition "Domaine Arboricole" au lieu d'art A Suivre Laurent LeDeunff est resté en résidence 4 mois à créer avec d'autres artistes l'idée d'un espace relié à la forêt. Cette exposition réalisée en 2005 était un prémisse de l'installation au CAPC.Des objets Pop tel que le cerf articulé en carton et vénylia, une immense crèche en kraft et une météorite ont donné lieu à la naissance d'un environnement total.
Cet usage d'une échelle immense lors de cette exposition donne envie au plasticien de revenir à une introspection plus intense.Le dessin en est la clé. Une bourse obtenue pour une résidence en Colombie Britanique aboutira l'idée. Avec sa compagne, vidéaste, Laurent LeDeunff souhaite donner une suite aux "Chasseurs Flous". Il s'agit de retrouver des images dans un autre espace géographique et temporel. Passer derrière le décor en illustrant. L'introspection est évidente, la finesse des dessins démontrent une observation et un goût du détail signifiant particulier.
Laurent LeDeunff a suivi une piste tout au long de son voyage, une piste en devenir sur la place de l'humain et sur la force de la nature. Une recherche qui trouve son expression dans ces totems du CAPC, symboles d'un travail plastique sur la matière naturelle et sur la place de l'humain face à cette matière naturelle.


http://v.e.i.free.fr/StGfr/LL/Laurent%20Ledeunff%20ST01.html

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Laetitia, quand tu écris "un simple art brut et naîf", est-ce que tu le penses vraiment où ce sont juste les mots qui sont mal choisis ?

Archives du blog