5 sept. 2007

Karl Lakolak une photographie du désir

SARABANDE POUR UN CORPS,BORDEAUX 2007

LOULOU ÉTENDU DANS LA MAISON BAROQUE,bordeaux 2006





Il existe une chair rêvée, un corps qui vit de contrastes et de contradictions. Érotisme singulier, sous-jacent que l'oeil ne voit pas de manière évidente.
Karl Lakolak a un univers qui transfère une écriture du corps, mots et postures pris sur la pellicule.
Une peinture sur le corps qui peut rappeler Watteau et ses personnages animés d'innocence mais aux caractères sensuels et sexuels sous-jacents. Karl Lakolak aime faire référence à cette oeuvre, à ce 17eme siècle du badinage et de la poésie.
Cependant aux premiers abords, les photographies de Karl Lakolak peuvent surprendre, rendre nerveux. Jeunes hommes ou femmes, quelques hommes d'âge mûr, nus, parfois à la limite d'un trans-genre qui rappelle Molinier, tous empreints de coulées de peintures et de mots... Ces mots, ces couleurs ne sont pas de simples artifices mais un lien avec l'oeuvre poétique de Karl Lakolak: des cut up posés tout d'abord sur la page blanche qui deviennent calligraphies sur les modèles, une poêsie photographique.
Les textes peints et les corps qui les supportent sont des adresses à l'autre. Un dialogue sur le sens de la "beauté" et de l'éthique du corps.
Karl Lakolak définit l'écriture comme une esthétique, un pas vers une définition du beau. Mais comment comprendre ce "beau"? Les photographies de Lakolak sont nus, peints, parfois empaquetés d'un emballage transparent, au caractère sexuel prononcé.
Pas de pornographie artistique mais, si il y a exhibition, il y a aussi et surtout une spiritualité qui se dégagent des prises de vues. Sexe et art sont ici des moyens de transfigurer le modèle : les photographies de Lakolak ne sont pas du voyeurisme mais l'expression d'un contenu susciteur de sens et des sens.
Le respect vis à vis de l'intégrité du modèle est omniprésent: l'artiste sait qu'il montre une oeuvre pleine de transgressions, de bouleversements des concepts acceptés par la norme sociale face à la beauté et au sexe. Le spectateur est saisi d'étonnement face à l'interdit exposé et par l'intérêt suscité en lui, entre attirance et répulsion. Il voit et observe en miroir quelques fantasmes, se demande si ses idées établies sur le corps sont si évidentes que cela.
L'artiste le sait et prend des précautions quant à l'exposition de ses photographies: des lieux publics certes mais intimes, protégés.
Ce jeu de la géographie des corps et des mots est un parcours littéraire qui anime la simple chair d'une autre dimension : la chair n'est pas une viande, elle n'est pas un objet de consommation mais un espace, un réseau de rencontres physiques et spirituelles.
La poêsie de Karl Lakolak est elle-même un corps, un espace de jouissance, une soif d'exprimer la beauté dans toute sa variabilité et subjectivité. Un sens au sexe comme un roman peint cérébralement qui se lit par et à travers les corps photographiés.
La photographie et la poêsie de Lakolak sont des zones intenses de dialogues, des mondes en perpétuelle interaction.

PUBLICATIONS :
SARABANDE POUR UN CORPS, éditions EVERLAND,Janvier 2007

SITE INTERNET :
http://www.karl-lakolak.fr/

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