Lettres d'Iwo Jima

Le nouveau volet de la guerre entre les Etats Unis et le Japon, vu cette fois du côté japonais. Des lettres, seuls vestiges d'une bataille sur l'île d'Iwo Jima où les hommes furent massacrés au profit d'un Empire décadent, d'une philosophie délirante....
Ces hommes, ce sont des petits paysans, des artisans mobilisés au service de la Patrie japonaise. Ils sont là pour l'ultime baroud d'honneur après l'échec japonais aux îles Mariannes.....
L'attente tout d'abord : les soldats creusent sur la plage, soumis aux ordres d'officiers de la vieille garde, qui préfèrent sacrifier toutes les vies humaines mises à leur disposition pour prouver l'honneur japonais. Le suicide est même commandé plutôt que de se rendre ou mourir sous les balles américaines.
Face à cette idéologie, un général qui veut sauver le mont sacré qui comprend la folie et le désastre de cette bataille et cherche avant tout à résister, à soulager ses hommes - pas d'ordre de suicide mais l'ordre de continuer la bataille et de se protéger, chaque vie étant pour lui précieuse...

Je vous laisse découvrir l'histoire toute entière en allant dans les salles obscures.... Ce film est un bijou, aux couleurs étranges - ni noir et blanc, ni couleurs franches, un état colorimétrique intermédiaire, en attente... Un espace metallique balayé par les vents....Le rythme y est lent, incertain. On s'attache à Ken Watanabe acteur d'une élégance rare, au petit boulanger Saigo à l'étonnante perspicacité sur l'ordre militaire établi, à cet homme médaillé des jeux olympiques de 1932 auréolé de gloire et pourtant relégué sur cette île qui aime les Etats Unis et trouve cette guerre absurde. C'est cette absurdité du conflit que montre Eastwood, tant dans Lettres d'Iwo Jima que dans Mémoires de Nos Pères.

Tout est poignant, sans pathos exagéré. Et la gageure est immense : tout les dialogues du film sont en japonais et jamais, nous ne nous sentons étrangers à ces hommes.
Pour moi c'est le Film de févier! Courrez y.